06/12/2023 : rubrique dans Infuus, la gazette des professionnels de la santé

Artikel Infuus december 2023

Le numéro de décembre 2023 contient une chronique de Sonja Delbeecke, présidente de la Fédération belge des psychothérapeutes.

Nouvelle législation, listes d'attente plus courtes

Face à Covid en 2020, nombreux sont ceux qui ont mis en garde contre le tsunami de problèmes de santé mentale qui s'ensuivrait. La perte des repères professionnels et sociaux, les enfermements, les changements de dynamique familiale, le manque de perspective, la confrontation à la maladie et à la mort dans des circonstances exceptionnelles.... Autant de facteurs qui ont un impact sur le bien-être psychologique. Dans les années qui suivront, beaucoup chercheront de l'aide, prédisent-ils, et la société n'y est pas préparée.

Cela s'est avéré exact. Les longues listes d'attente pour les soins de santé mentale n'arrangent rien. Il est grand temps de faire des choix politiques essentiels qui tiennent compte des réalités actuelles. Et cette réalité est celle d'une énorme diversité. Les gens devraient recevoir une aide appropriée indépendamment de leur origine ethnique, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur religion ou de leur statut socio-économique. Cela signifie que nous devons fournir des soins qui tiennent compte de cette diversité et qui sont de grande qualité. Cela pose un défi supplémentaire, car on assiste aujourd'hui à une prolifération de personnes non qualifiées qui entrent sur le marché des soins de santé mentale, avec tous les risques que cela comporte.

ADAPTER LA LÉGISLATION

Lors de la législature précédente, un pas important avait déjà été franchi avec la loi sur l'exercice des professions de santé (loi WUG). Cette loi constitue le cadre dans lequel les psychothérapeutes peuvent exercer leur profession. Mais il ne s'agit pas d'une profession autonome, ce qui crée un accès limité ainsi que de nombreuses ambiguïtés et incertitudes sur le terrain.

Incertitude pour le client parce qu'un psychothérapeute peut offrir une séance à 11 euros parce qu'il est membre de la convention INAMI, alors que d'autres psychothérapeutes ne le peuvent pas.

Incertitude parce que la loi WUG parle des psychothérapeutes avec des droits acquis, mais dans la pratique, ils sont souvent oubliés par la politique.

La Fédération belge des psychothérapeutes (BFPT) considère qu'une partie de la solution réside dans la modification de la loi WUG. Cela permettrait d'avoir plus de bras sur le terrain, de répondre au besoin d'aide psychiatrique et d'offrir des soins de qualité.

Comment ? En reconnaissant les psychothérapeutes comme une profession de santé autonome, et en travaillant à la reconnaissance des professions de santé auxiliaires, telles que les consultants psychologiques et les conseillers. En effet, cela permettra à un plus grand nombre de professionnels de travailler ensemble et de réduire les longs délais d'attente.

FORMATION OUVERTE

La reconnaissance du psychothérapeute en tant que profession autonome devrait aller de pair avec l'ouverture de la profession aux bacheliers et aux masters, à condition qu'ils aient une formation préalable en sciences humaines. Cela apportera une réelle valeur ajoutée dans le domaine. Cela permettra également, à long terme, d'augmenter le nombre de nouveaux professionnels entrant en formation dans une profession de santé.

Concrètement, il s'agit d'ouvrir la formation en psychothérapie aux travailleurs sociaux, aux infirmiers psychiatriques, aux conseillers psychologiques, aux sexologues... afin qu'ils puissent eux aussi mettre à profit leur expertise indispensable dans notre société complexe et pleine de diversité.

Le BFPT appelle les décideurs politiques à travailler à la modification de la loi WUG et à reconnaître les groupes professionnels actifs dans les professions de la santé mentale comme des professions à part entière.